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Le combat

 

 

Le problème du Karate et des arts martiaux en général est qu'il ne peut pas être mis en application directe lors de sa pratique. En fait, pour être plus exact, on ne fait pas des arts martiaux mais on s'entraîne aux arts martiaux. En effet, dans les arts martiaux on ne cherche pas à gagner ou à créer une oeuvre mais à tuer (dans le pire des cas). C'est pour cela que l'entraînement au combat ne sera jamais le combat lui-même. Autrefois les Samurai et autres guerriers mettaient continuellement leurs capacités en jeu au travers des duels ou bien à la guerre. Cette époque est révolue et on ne pratique plus les arts martiaux pour les mêmes raisons. Cependant, lors de l'entraînement, il faut toujours se souvenir que le but est de tuer ou de maîtriser l'adversaire.

Le combat en entraînement n'est pas un simple échange de coups de pieds et de poings, bien qu'il en paraisse ainsi . Il ne trouve sa fin ni dans la victoire ni dans la défaite. Il permet de mettre en application ses connaissances et teste sa réaction face à un adversaire. On peut faire un combat (ou Kumite) en intellectualisant sa technique, en cherchant avec le partenaire d'éventuelles applications.

 

Cependant il ne faut pas oublier que le stade ultime du combat n'admet aucune réflexion : cela ne signifie bien sûr pas qu'il faut se battre en frappant à n'importe quel moment ou dans n'importe quelle direction mais qu'à un niveau avancé, le Karateka doit adapter son attitude à celle de l'adversaire à chaque fraction de seconde. Il peut prendre des initiatives mais reste toujours prêt à les modifier en fonction des intentions de l'adversaire. C'est pour cela qu'il doit littéralement se "vider" de ses pensées. On peut alors affirmer que corps et esprit ne font plus qu'un. La feinte joue sur cette notion d'adaptation constante de l'esprit mais elle ne piège pas un expert. Ce dernier sait "détecter" les véritables desseins de l'adversaire.

Le combat se pratique le plus souvent à deux mais il le peut également à plusieurs. Dans tous les cas il s'agit de ne pas blesser le partenaire. Nous étudierons d'abord le combat d'entraînement, qui exige un contrôle absolu des coups puis le combat "réel" (Jissen Kumite*), dans lequel on peut porter les coups toujours sans blesser. Dans ce dernier cas les protections s'avèrent très utiles. Evidemment, ces genres de combats n'ont rien à voir avec ceux de compétition. Aucun des deux adversaires ne perd, les deux y gagnent par une progression commune.

Jiyu Kumite : le combat souple d'entraînement

Saluer au début et à la fin du combat

S'adapter à l'adversaire

A l'entraînement, l'adversaire n'est pas un ennemi mais un partenaire avec lequel on cherche à progresser. Ainsi, il faut à tout prix éviter de s'emporter. Face à un adversaire qui s'emballe, il s'agit de rester tranquille, de faire des mouvements plus lents que lui, d'esquiver plus souvent afin de le calmer. Lorsqu'il y a une grande différence de niveau entre deux adversaires, le plus expérimenté doit savoir s'adapter et ne pas toujours prendre le dessus, en laissant souvent l'initiative à son partenaire ou en diminuant la vitesse, par exemple.

Varier l'attitude

Un combat doit avant tout être vivant. Le Jiyu Kumite ne fait pas travailler seulement quelques techniques comme le Tsuki ou le Mae-geri. Les deux partenaires doivent non seulement diversifier leurs techniques, mais ils doivent également varier le rythme, la hauteur, les sensations, l'esprit offensif ou bien défensif. Alors le combat devient vraiment intéressant. On peut le voir un peu comme un jeu de football dans lequel on peut faire de belles actions, même si on ne marque pas.

Le combat mental

Lorsque les techniques ont bien été assimilées les adversaires peuvent travailler le combat uniquement par un jeu de pensée ou plutôt de non-pensée: en faisant le vide dans son esprit, on peut anticiper les coups, réagir lorsque l'adversaire se déconcentre, feinter ou chercher à impressionner. Les illustrations qui suivent sont des exemples de sensations que l'on peut rechercher en combat. Elles ne doivent pas être considérées comme des des techniques à mettre directement en application lors de l'affrontement. Le combat est une création personnelle et c'est en cela qu'il n'y a pas de techniques définies comme en Kata. Kumite et Kata sont vraiment différents dans la forme, même si on peut mettre l'esprit du combat en exécutant son Kata. On peut guider un Karateka dans sa façon d'agir et de réagir comme le fait Miyamoto Musashi dans le Livre des Cinq Roues (Gorin-no-sho), mais cet apprentissage vient avant tout de l'expérience personnelle.

Les erreurs à ne pas commettre pendant le combat:

-s'emporter face au partenaire

-l'égo: ne pas sentir sa fierté monter ou son honneur être mis en jeu lorsque le regard d'autrui se porte sur soi et l'adversaire.

Principes généraux de la technique en Jiyu Kumite

La distance:

La distance n'est pas qu'une affaire d'interval dans l'espace.

La vivacité:

La vivacité et non la vitesse: Les deux termes se ressemblent apparemment beaucoup, mais la vivacité est plus complexe que la vitesse. Elle englobe la notion de Ki (comme on l'appelle en extrême-orient). La vitesse seule ne sert à rien. Elle peut venir à bout d'un novice mais ne suffit pas face à un pratiquant confirmé. Être vif dans le combat, c'est savoir placer sa technique au bon moment et à la vitesse appropriée pour qu'elle soit la plus efficace possible. Une telle technique n'est pas perçue par l'adversaire, il la voit au dernier moment et n'a donc pas le temps de réagir. Voilà une des caractéristiques du Ki. On peut en quelque sorte dire que le mouvement est dépourvu de tout appel, il est tellement épuré qu'il en devient imperceptible. Cela dit, à l'entraînement, il est nécessaire de travailler la vitesse à l'état pur.

La puissance:

La maîtrise:

 

 

 

 

 

 

 

La garde:

Les feintes en Jiyu Kumite

L'adaptation à l'adversaire

Jissen Kumite: le combat libre

Le principes:

Etre plus sur l'offensive que sur la défensive:
Etre sur la défensive n'implique pas nécessairement se protéger. L'attaque permet de dominer l'adversaire et d'éviter ses propres attaques.

Surpasser l'adversaire:
Eviter les petites attaques occasionnelles mais plutôt dépasser l'adversaire par des attaques en série puissantes et foudroyantes pour qu'il ne puisse plus réagir ou contrer

Ne pas s'abandonner:
Ne jamais s'abandonner lorsqu'on est dépassé et essayer de reprendre son sang-froid pour trouver une faille et reprendre le dessus

Surprendre l'adversaire:
C'est aux moments où l'adversaire est le plus faible qu'il faut attaquer (yin). Lorsqu'il est surpris, il est difficile pour lui d'encaisser ou de se protéger,

Ne pas se mettre dans de mauvaises postures:
Eviter continuellement de se mettre en danger pour avoir à chaque instant la possibilité de dominer l'adversaire (par exemple éviter d'avoir le soleil dans les yeux, éviter de se retrouver à terre...)

 

 

Le combat dans la réalité

C'est dans la réalité que l'Art Martial prend tout son sens et qu'il se différencie totalement des sports de combat. Dans la réalité le pratiquant d'art martial n'a plus de principes s'il doit défendre sa vie. Par exemple s'il n'a pas d'autres choix que de tuer son adversaire et qu'un revolver se trouve devant lui, il ne va pas utiliser ses 30 années de pratique assidue dans les arts martiaux pour venir à bout de son adversaire mais simplement appuyer sur la gachette. Tous les moyens sont bons pour maîtriser l'adversaire, les atrs martiaux en sont un.

En outre l'art martial se différencie également du sport de combat par son aspect mental, sa façon de faire évoluer le pratiquant aussi bien mentalement que physiquement. On répète souvent au débutant que l'art qu'il est en train d'apprendre ne doit pas être mis en application, que toute confrontation doit être évitée (car qui n'a jamais eu l'envie de mettre en pratique ses connaissances?). Mais il le comprendra par lui-même au bout d'un certain temps de pratique (s'il est suffisamment intelligent et que son professeur l'est aussi). Il comprendra qu'attaquer ou mettre son art martial en pratique ne satisfait aucunement l'ego (ce que, en passant, l'art martial cherche à détruire) et produit même l'effet inverse (il procure un sentiment de honte). Il n'y a pas de fierté de venir à bout d'un être humain lorsque d'autres moyens plus pacifiques peuvent être employés. La véritable force n'est pas celle que l'on imagine.

En outre, certaines situations nécessitent la mise en pratique de son art martial. Le bon pratiquant saura alors employer son art à une fin unique: celle de maîtriser l'adversaire pour se protéger lui-même.

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